Atelier le 24 janvier 2017
Loin de l'image des autoroutes de l'information, l'espace numérique tient plutôt des chemins tortueux dans lesquels les professionnels de l'information doivent rechercher, filtrer, croiser, vérifier ou décoder. Les volumes de données manipulés, leur variété (vidéos, textes, images, bases de connaissances...) et leur vélocité offrent à la fois des opportunités pour appréhender l'information autrement, mais posent aussi de nombreux problèmes de recherche désormais rangés sous l'étiquette Big Data. Dans ce contexte, journalistes et technologues ont développé la notion de journalisme de données. Cette pratique nouvelle du journalisme tire partie des données numériques disponibles pour produire et distribuer l'information. Elle bénéficie notamment de la popularité croissante de l'Open Data, du développement de bases de connaissances structurées, du traitement automatique des langues, ainsi que des travaux récents en visualisation de données, pour faciliter l'analyse de l'information et proposer une grande variété de points de vue.
Certains journalistes utilisent des outils visant à améliorer leur productivité ou leur couverture d’un sujet (bases de connaissances, réseaux sociaux…). D’autre part, les chercheurs en TAL, RI, BD, IA utilisent massivement le matériel journalistique dans leurs travaux : articles de presse, dépêches d’agence, images, vidéos. Récemment, plusieurs projets de recherche sur ces thèmes et impliquant des organes de presse ont vu le jour. Une journée organisée à l'IRISA Rennes en mars 2016 a montré l'intérêt de nombreux organismes de recherche, entreprises privées et professionnels des médias sur ce sujet.
L'objectif principal de l'atelier est de servir de lieu de rencontre entre les différents acteurs de cette communauté naissante. Ceux-ci relèvent souvent de sous-domaines de l'informatique différentes se rencontrant assez peu, alors que les problématiques impliquent une démarche intégrant tous ces sous-domaines. La constitution d'un panorama des travaux, l'éventuel partage d'outils, données, benchmarks ou de résultats pourront enrichir cette réflexion.
Un autre objectif est de mieux intégrer la réalité du travail journalistique dans les travaux existants. Cela part du constat qu'entre chercheurs et professionnels de l'information, il reste difficile de pérenniser les collaborations et de développer des outils permettant de travailler plus efficacement avec les masses de données, outils qui seraient utilisés en aide à la production éditoriale quotidienne. Cet atelier a pour but de stimuler la réflexion et la discussion sur les bénéfices concrets que les journalistes peuvent retirer des outils développés par les spécialistes des STIC, sur les effets que ceux-ci peuvent avoir sur la pratique journalistique, et sur les nouvelles analyses liées à l'exploitation des médias. Si les informaticiens, au sens large, proposent des outils aux professionnels de l'information, ces derniers ont aussi à exprimer leurs besoins, leurs attentes, à partager leurs manières de procéder. Les disciplines informatiques concernées peuvent alors se pencher sur ces usages inédits, demandant de résoudre des problèmes de recherche durs, exigeant de se poser des questions tant d'ordre méthodologique que plus appliqués où il pourrait être question d'adapter des techniques partiellement existantes à ces nouveaux contextes ou d'en inventer de nouvelles. L'atelier a donc pour but de faire circuler les idées tant des journalistes vers les informaticiens que des informaticiens vers les journalistes.